Soudan du Sud
Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance en 2011, devenant la dernière nation reconnue au monde. Avec près de la moitié de la population âgée de moins de 18 ans, c’est aussi le pays ayant l’âge moyen le plus bas au monde. Les perceptions courantes se concentrent trop souvent sur les crises et les conflits qui ont marqué la courte histoire du Soudan du Sud. Mais un examen plus attentif révèle une jeune terre, qui s’efforce d’activer son énorme potentiel et sa promesse.
Histoire du Soudan du Sud
Lorsque la guerre civile la plus longue d’Afrique a pris fin en 2005, la voie s’est ouverte au Soudan du Sud pour obtenir son indépendance. Ce qu’il a fait en 2011. Mais le conflit a continué de frapper la nouvelle nation. En 2018, un accord de partage du pouvoir a été signé, ce qui a conduit à une nouvelle ère d’espoir de paix, de réconciliation et de développement. Malgré ce fait, des conflits et des violences infra-nationales persistent dans de nombreuses régions, entraînant des déplacements, des pertes de vies humaines et de ressources. Les prochaines élections sont prévues pour décembre 2024.
Histoires vraies du Soudan du Sud
Voicì, quelques histoires de la vie quotidienne au Soudan du Sud. Ce sont les histoires d’hommes, de femmes et d’enfants ordinaires, vivant dans des circonstances extraordinaires. Ce sont des histoires de lutte et de sacrifice, de persévérance et de détermination, d’initiative … et de foi.
Vendre pour survivre
Survivre au Sud-Soudan dépend souvent d’une conjonction d’initiatives et de travail physique. Voici quelques exemples de la façon dont les gens simples essaient de joindre les deux bouts.
Vendeurs de bric à brac
Ils parcourent les rues de Juba toute la journée. Et ils semblent être partout. Marché nomade, assuré surtout par des hommes jeunes qui transportent un assortiment de bibelots à vendre. Ils n’ont pas d’éducation, pas de travail, et ils vivent dans la rue. Beaucoup utilisent leurs lourds sacs à dos en guise d’entrepôt ambulant. Certains poussent des brouettes pleines de bric-à-brac. Ils vendent des crèmes, des peignes, des colliers, des épingles, des miroirs et même des chapelets. Et ils savent certainement comment tirer le meilleur parti de leurs clients. Ils ont diverses manières de se procurer leurs produits : chaussures bizarres, boîtes de serpentins anti-moustiques, balais, T-shirts et autres objets. Certains les achètent à bas prix, d’autres les volent aux propriétaires de magasins. Quelques-uns touchent une commission sur ce qu’ils vendent. D’autres les achètent eux-mêmes et les revendent avec une légère marge. La plupart gagnent tout juste de quoi se nourrir pour la journée, sauf s’il pleut car le marché itinérant est fermé. Dans ce cas, leur estomac reste vide.
Les livreurs de légumes
Des garçons poussent des charrettes en mauvais état chargées de fruits, de légumes, d’eau et de tout ce qu’ils peuvent transporter. Ils circulent dans les rues surpeuplées en sifflant pour écarter les gens de leur chemin. Ils empruntent des passages sinueux et étroits pour se rendre au marché de Konyo-Konyo et décharger à l’étal du propriétaire. Pour ce dur travail physique (qui commence à 6 heures du matin et ne se termine pas avant 18 heures), ils peuvent gagner 5 à 6 dollars américains par jour.
Collectionneurs de bouteilles en plastique
La culture de l’eau en bouteille plastique est devenue mondiale. Les bouteilles vides sont jetées partout et n’importe où. C’est un scandale environnemental. Heureusement, à Juba, il y a ceux qui gagnent leur vie en les ramassant. Pour chaque bouteille non écrasée, avec son bouchon, ils gagnent 1 SSP. Cela signifie qu’ils doivent collecter 350 bouteilles pour gagner un dollar US. Ce n’est pas assez pour un seul repas. Les bouteilles recyclées sont utilisées par les vendeurs d’essence qui les remplissent de diesel pour les nombreuses motos qui font office de taxis bon marché. D’autres vendeurs les réutilisent pour vendre dans la rue des jus ou des boissons faits maison.
Gérantes de magasins de thé
Les femmes sont assises au bord de la route dans l’un des nombreux salons de thé que l’on trouve partout à Juba. Les plus chanceuses ont un toit de tôle sur la tête. La plupart doivent réclamer leur place avant 6 heures du matin pour pouvoir s’installer. À partir d’un endroit sûr, elles transportent une collection disparate de chaises, tables, bancs, tabourets, tasses, récipients en plastique et un assortiment hétéroclite d’articles de cuisine. Rien n’est nouveau. Rien n’est propre. Presque toutes ces femmes, jeunes et vieilles, ont l’air hagardes et usées. A raison de seulement 30 cents US par tasse de thé, la plupart d’entre elles resteront assises au bord de la route, une grande partie de leur vie.
Tout en un jour de travail
La survie se résume essentiellement à gagner suffisamment d’argent pour acheter assez de nourriture pour ne pas mourir de faim. C’est ce que beaucoup de gens sont obligés de faire au Sud-Soudan chaque jour.
Travailleurs de la route
Voici comment cela fonctionne : vous vous mettez d’accord avec un de vos amis et vous empruntez une pelle. Ensuite, vous choisissez un endroit en très mauvais état dans l’une des rues de la ville. C’est facile à faire, car la plupart des routes sont dans un état déplorable. Vous jetez une pelle pleine de terre dans l’un des nombreux nids de poule. Et puis vous attendez. Lorsque les voitures passent, vous tendez les mains en demandant un pourboire pour « réparer » les routes. Si vous avez de la chance, vous pouvez gagner environ 2 dollars américains par jour. C’est suffisant pour deux repas – pour vous et votre ami. Et c’est sûr, la semaine prochaine, il y aura un autre couple d’enfants exactement au même endroit, qui jettera une pelletée de terre… et attendra.
Chargeurs de camions
Charger et décharger des camions est un travail décent. Mais c’est éreintant et salissant. Chaque fois qu’un camion du Kenya ou de l’Ouganda arrive dans un entrepôt, les jeunes se précipitent. Ils commencent à décharger le camion pour quelques centimes par heure. Ils peuvent être chanceux et avoir un chargement léger de boîtes remplies de gobelets en plastique… ou ils peuvent être malchanceux et devoir décharger des sacs de 100 kg (50 livres) de riz ou de ciment. Dans les deux cas, le salaire est le même. Chaque garçon gagne rarement assez pour s’acheter un repas décent pour la journée.
Réparateurs de voitures
Certaines rues de Juba sont encombrées de réparateurs de voitures. C’est un bon commerce, mais les réparateurs n’ont pas les moyens de s’offrir un entrepôt ou un garage. Les loyers élevés obligent beaucoup d’entre eux à occuper des espaces le long des routes de la ville. Cela signifie que la circulation locale doit faire face aux véhicules garés et aux outils déposés dans la rue, et à des pièces de métal qui trainent .On peut immédiatement repérer ces ateliers de réparation à la couleur noire de la terre qui les entoure : résultat du déversement d’huile et de graisse qui ajoute dans l’air un parfum acre supplémentaire.
Vendeurs de cigarettes
Des hommes assis dans de petites baraques en bois vendent des cigarettes. Ils les vendent par cartouche, par boîte, ou juste à l’unité, si vous le demandez. C’est une façon passive de gagner de l’argent, mais elle repose sur le fait que de plus en plus de gens fument. Fumer détourne l’attention des affres de la faim. Les cigarettes sont chères, mais les personnes qui ont faim doivent d’une manière ou d’une autre soulager leurs maux d’estomac.
Les rescapés de la corruption
Tous ces vendeurs de rue sont interpellés régulièrement par la police. Ces policiers,censés protéger le public, confisquent la marchandise (surtout de ceux qui vendent de la nourriture) et disent aux pauvres vendeurs de se rendre au bureau du conseil municipal le plus proche pour payer une « taxe ». Lorsque les vendeurs reviennent, ils constatent que leurs provisions ont diminué, ou ont été consommées. Ils ne peuvent rien faire, si ce n’est quitter le quartier le plus vite possible dès que la police se présente:c’est une technique de survie.
L’histoire de la réussite d’un homme
Voici l’histoire d’un jeune homme venu au Sud-Soudan en quête d’une nouvelle vie…et qui l’a trouvée.
De grands espoirs
Tamale Godwin parle doucement. Il est arrivé au Sud-Soudan en provenance d’Ouganda en 2012, à l’âge de 18 ans. Sa sœur avait un ami à Juba qui disait qu’il y avait là des opportunités après l’indépendance. Godwin n’avait jamais fréquenté l’université ou une école technique. A la mort de sa mère en 2007, ses nouvelles responsabilités l’avaient empêché d’achever ses études secondaires. Godwin est venu au Sud-Soudan à la recherche de perspectives d’avenir… mais ce qu’il a trouvé, ce sont les difficultés. Pendant la première année, il a travaillé comme ouvrier sur des chantiers de construction, gagnant moins d’un dollar US par jour. Parfois, il se sentait traité comme un esclave, vivant dans une cabane en tôle sans eau, sans électricité et sans latrines. Il a mangé des haricots et des chappattis rassis pendant des mois.
Découverte d’un talent
À la fin de cette année-là, il réussit à entrer en contact avec l’ami de sa sœur qui gérait un magasin d’appareils de télévision satellite. Celui-ci montra à Godwin comment ajuster les signaux pour les télévisions par satellite. En apprenant sur le tas et en utilisant son fort esprit d’initiative, Godwin découvrit rapidement qu’il avait un talent pour ce type de travail. Il ne fallut pas longtemps pour que se répande la rumeur disant qu’il était l’un des techniciens TV les plus fiables du marché.
Construire une entreprise
Il se constitua une clientèle importante. Godwin commença à rêver, à économiser, à planifier et à s’organiser. Mais il dut d’abord surmonter d’autres obstacles : la bureaucratie, les pots-de-vin, des partenaires commerciaux sans scrupules, des gens qui essayaient d’escroquer ses maigres premiers revenus. Malgré tout, l’entreprise de Godwin continua à se développer, car ses clients avaient compris qu’ils pouvaient lui faire confiance. Ils savaient qu’ils pouvaient laisser cet homme travailleur et honnête entrer chez eux, sans crainte et en toute sécurité. Le bouche à oreille est souvent la meilleure forme de publicité. En peu de temps, Godwin put ouvrir son propre magasin et mettre sur pied une entreprise de fournisseur de télévision DishNet qui connut un grand succès.
Développer une entreprise
Sept ans plus tard, ce jeune homme, qui n’a fait que des études secondaires, se promène dans une voiture de luxe. Il justifie son choix en disant que lorsque les clients le voient arriver ainsi (et non en taxi-moto), ils lui témoignent plus de respect et sont enclins à l’orienter vers d’autres personnes. Il y a aussi une autre raison. Tout simplement, Godwin aime les voitures. Il a créé une autre entreprise : il achète des voitures d’occasion en Ouganda qu’il revend à profit à Juba. Les tracasseries administratives et douanières en valent la peine, dit-il.
Faire face aux défis
En ce moment, son principal défi est la concurrence. Lorsque Godwin est arrivé à Juba, il y avait une poignée de services de télévision par satellite. Il y en a beaucoup plus aujourd’hui. L’esprit d’entreprise de Godwin cherche comment il peut se lancer dans des domaines plus innovants de services par satellite et maintenir son avance sur la concurrence. Après toutes ces années, Godwin vit toujours dans une modeste maisonnette, mais dans un quartier plus sûr. Il a une fiancée ougandaise et ils veulent se marier. Son mantra est d’économiser et d’épargner, en ne dépensant que ce dont il a besoin. Parfois, il dit que lui-même, il a du mal à comprendre comment il a pu en arriver là. Mais il y est parvenu. Et il est un exemple pour les jeunes entrepreneurs du monde entier!
L’histoire réussie d’une femme
L’histoire du Sud-Soudan est tramée d’histoires de femmes fortes, énergiques et travailleuses. En voici un exemple.
Jackie la linguiste
Bako Jackline (Jackie pour ses amis) fait d’emblée bonne impression. Elle paraît sûre d’elle, sérieuse, femme autodidacte. Et c’est exactement ce qu’elle est. Elle parle bien l’anglais, ainsi que le Launguado, le Lubara et un Kiswahili de base. Après s’être installée au Sud-Soudan, elle a appris seule le Zande et l’Arabe. Six langues, alors qu’elle n’avait qu’un diplôme du Secondaire!
Les débuts
Jackie est née à Arua, en Ouganda. En 2012, elle a épousé un homme de Zande et a déménagé à Yambio, au Sud-Soudan. Son mari étant au chômage et l’argent manquant, elle a décidé de se lancer dans le commerce. Jackie n’avait aucune expérience préalable et le démarrage s’est avéré être un rude combat. Avec très peu d’argent, elle a acheté ses premiers produits alimentaires à crédit auprès d’autres commerçants. Son manque d’expérience en matière d’achat et vente lui a valu d’être souvent trompée avec des produits pourris ou de mauvaise qualité. C’était une nouvelle venue et elle a eu du mal à se constituer une clientèle. De plus, elle était considérée comme une étrangère et les collecteurs d’impôts du gouvernement local lui ont donné du fil à retordre.
Prendre le tournant
Mais Jackie est une femme qui relève les défis de front. Il ne lui a pas fallu longtemps pour apprendre les ficelles du métier. Bientôt, elle a remboursé ses emprunts, et a même réussi à mettre de l’argent de côté. Elle a commencé à acheter en quantités de plus en plus importantes, ce qui lui a permis d’augmenter ses marges bénéficiaires. Aujourd’hui, Jackie est reconnue : c’est l’une des femmes les plus respectées et les mieux informées du marché.
Des marchés au travail de sage-femme
Jackie est une femme qui ne se repose pas sur ses lauriers. Son commerce étant florissant, elle a voulu se reconvertir et aider les autres. Elle s’est donc inscrite à un cours pour sages-femmes à l’hôpital local. Sans pour autant négliger son entreprise, bien sûr. Jackie a fait venir sa nièce d’Ouganda pour s’occuper de l’étal du marché pendant qu’elle même étudiait. Tout en suivant les cours du lundi au vendredi, elle se précipite encore tous les soirs au marché, pour s’assurer que tout va bien. Jackie a un rêve : ouvrir un jour sa propre clinique. En attendant, son sens aigu des affaires lui a permis de décrocher un contrat avec les Frères des Ecoles Chrétiennes locales. Elle est l’un des acheteurs de nourriture pour leur programme de soutien VIH-SIDA à Yambio.
Économiser, planifier, persévérer
Le conseil de Jackie aux autres femmes qui cherchent l’indépendance financière et la satisfaction professionnelle peut se résumer en trois mots : économiser, planifier et persévérer. Elle reconnait que trop souvent, ce sont les femmes du Sud-Soudan qui soutiennent la famille et la maintiennent unie. Beaucoup d’entre elles en souffrent. Pourtant, elles n’abandonnent pas facilement, voire jamais. Parce qu’elles sont fortes, énergiques, travailleuses… et qu’elles sont sources d’inspiration.
Femmes au service d’autres femmes
Les femmes seules, abandonnées ou maltraitées, trouvent espoir et appui auprès d’une organisation autonome dirigée par d’autres femmes.
Les questions que nous ne voulons pas poser
Savoir à quel point il est dégradant qu’on vous considère comme ayant moins de valeur qu’une vache, combien il est frustrant qu’on vous empêche de poursuivre une éducation primaire. Savoir combien il est désespérant d’être une mère veuve ou une épouse abandonnée, l’horreur d’être mariée à un vieillard alors que vous êtes tout juste pubère, ou d’être violée par des combattants, d’être abusée en tant qu’esclave ou concubine – ou pire encore.
Des actions en réponse
Emelia Yabang n’a pas eu peur de poser ces questions. Elle savait aussi que les réponses ne se trouveraient pas dans les mots pieux et les bonnes intentions. Elle a vu les besoins et elle a agi. Elle a fondé un groupe de femmes appelé ANIKA qui, dans la langue locale Pazande, signifie « Nous pouvons le faire ». Emelia n’a pas eu de financement extérieur et n’a trouvé que peu d’appui dans les réseaux de soutien aux femmes gérés par le gouvernement. Elle a réuni un groupe de femmes partageant les mêmes idées et les mêmes motivations… et elles ont commencé.
« Nous pouvons le faire »
Le groupe fabrique des produits artisanaux, des savons, des shampoings, des lotions et d’autres petits articles. Elles vendent également des biscuits et des cacahuètes. Actuellement, la principale source de revenus d’ANIKA est la fabrication et la vente de vêtements pour femmes. Elles achètent de beaux tissus colorés du Congo ou de l’Ouganda et créent des tenues sur mesure pour les femmes de Yambio. Les bureaux d’ANIKA sont situés dans deux pièces louées dans une halle en béton à l’est de la ville de Yambio. Les murs sont décorés de diverses affiches annonçant une série d’ateliers auxquels les femmes ont participé. Elles sont toutes bénévoles. Le seul mobilier de bureau se compose de deux petits bureaux. Il n’y a pas d’ordinateurs. Mais il y a des histoires…
Une histoire
L’une des histoires parle d’une femme, mère de sept enfants. Son premier mari l’a quittée à la naissance du quatrième enfant. Elle s’est remariée et son deuxième mari est mort. Mais auparavant elle avait donné naissance à trois autres enfants. Elle s’est retrouvée veuve, sans revenus, sans emploi, sans ressources, avec sept bouches à nourrir, sans compter elle même. Lors d’un atelier sur la violence contre les femmes, elle a partagé son expérience: tout le public a été ému aux larmes. ANIKA l’a incluse dans leur programme et lui a proposé une petite activité qui lui rapporte, au mieux, environ 25 dollars américains par mois, ce qui permet à elle et à sa famille de survivre. Ce n’est qu’un exemple. Mais il y en a beaucoup d’autres comme celui-ci.
Un Océan de foi
Assister à une liturgie dominicale au Sud-Soudan est une expérience de foi qui fait appel aux cinq sens. Mais vous devez être prêt à vous laisser entrainer dans le mouvement et l’instant présent.
La vue, le son et l’odorat
Vous pourriez avoir du mal à assister à une messe au Sud-Soudan si vous êtes allergique à l’odeur de l’encens. Parce qu’il y en a beaucoup. Il y a aussi beaucoup de chants : les voix profondes des hommes répercutées par les murs et les chœurs amples et puissants qui chantent presque chaque répons. Il y a aussi des tambours et des cymbales. Lorsque le prêtre entre, entouré des servants d’autel et d’un ou deux diacres, l’église semble une mer de couleurs, avec les femmes vêtues de saris imprimés, de robes et d’écharpes. De temps en temps (et surtout lors de l’élévation de l’hostie), elles se mettent à pousser des youyous spontanés, ces trilles aiguës qui peuvent exprimer le chagrin ou, dans ce cas, la joie.
Comme l’océan
Cette image maritime s’intensifie lorsqu’on voit toutes les personnes de l’assemblée se balancer au son de la musique, les yeux fermés, les paumes tournées vers le ciel, priant à voix haute, totalement immergées dans l’instant présent. Chaque fois que le chœur commence un hymne joyeux, l’église entière semble se mettre en mouvement et tout le monde tape des mains en rythme. Et l’on a vraiment l’impression de vagues de l’océan qui vont et viennent.
Garder la foi
Ces mêmes personnes ont vu et vécu… à peu près tout. Elles ont été témoins d’injustices et de discriminations. Elles ont enduré corruption et incompétence. Elles ont été victimes d’innombrables atrocités. Leurs espoirs de paix et d’unité dans le pays le plus récent du monde ont été brisés à maintes reprises. La plupart d’entre eux travaillent dur toute la semaine et ne sont payés qu’une fois par semaine. Pourtant ils sont là, gardant la foi malgré toutes les pressions qui s’exercent autour d’eux. Cette foi doit être forte. Aussi forte que l’océan. L’océan que la plupart d’entre eux ne verront jamais.
Ces histoires ont été soumises par un laïc missionnaire, Gabe Hurrish, qui a vécu et travaillé au Soudan du Sud, avec Solidarity, depuis de nombreuses années.