Lors de ma visite au Sud-Soudan l’automne dernier, j’ai fréquemment entendu le nom de « Bakhita ». J’ai rencontré plusieurs personnes qui portaient le nom de cette importante sainte soudanaise, et beaucoup de gens connaissaient et aimaient son histoire.
Sainte Joséphine Bakhita est née près du Darfour, dans l’ouest du Soudan, en 1869. Elle appartenait à la tribu Daju, était entourée d’une famille aimante et a eu une enfance heureuse jusqu’à l’âge de 7 ou 8 ans. C’est à cette époque qu’elle a été capturée par des marchands d’esclaves arabes, comme l’avait été sa sœur aînée, et que son enfance heureuse et insouciante a radicalement changé. Elle a été forcée de marcher environ 600 miles jusqu’à El-Obeid. Convertie de force à l’islam, elle a été achetée et vendue à de nombreuses reprises et maltraitée par ses différents « propriétaires » au cours des douze années suivantes. Bakhita a finalement été « achetée » par un diplomate italien au Soudan qui l’a bien traitée. Lorsqu’il est retourné en Italie, elle l’a supplié de le suivre et est ainsi venue vivre en Italie, où elle s’est finalement convertie au catholicisme et a rencontré un ordre religieux catholique romain de femmes, les Filles de la Charité Canossiennes, Servantes des Pauvres (FDCC), au sujet desquelles elle a écrit : « Ces saintes mères m’ont instruite avec une patience héroïque et m’ont fait connaître ce Dieu que, depuis l’enfance, je sentais dans mon cœur sans savoir qui il était ». Alors qu’ils la traitaient avec gentillesse, la famille italienne de Bakhita persistait à croire qu’elle était une esclave et qu’ils l’avaient « achetée » et avaient le droit de la posséder et de profiter de son travail. Son cas a été soumis à un tribunal italien en 1889, qui a statué que, puisque les Britanniques avaient interdit l’esclavage au Soudan avant la naissance de Bakhita et que la loi italienne n’avait jamais reconnu l’esclavage comme légal, Bakhita n’avait jamais été légalement une esclave. Pour la première fois de sa vie, Bakhita se retrouve maître de son destin et choisit de rester avec les sœurs canossiennes. En 1890, Bakhita a été baptisée, confirmée et a reçu sa première communion des mains de l’archevêque Giuseppe Sarto, le cardinal patriarche de Venise qui est devenu plus tard le pape Pie X. En 1893, elle est entrée chez les Filles de la Charité canossiennes et a passé le reste de sa vie comme religieuse. Connue pour sa gentillesse, son sourire permanent et sa voix apaisante, elle fut appelée par la population locale Sor Moretta (« petite sœur brune ») ou Madre Moretta (« mère noire »). Bakhita est décédée le 8 février 1947 à 20 h 10. Pendant trois jours, son corps repose en paix tandis que des milliers de personnes viennent lui rendre hommage. Un jeune étudiant a demandé un jour à Bakhita : « Que feriez-vous, si vous deviez rencontrer vos ravisseurs ? » Sans hésiter, elle a répondu : « Si je devais rencontrer ceux qui m’ont enlevée, et même ceux qui m’ont torturée, je m’agenouillerais et je leur baiserais les mains. Car, si ces choses n’étaient pas arrivées, je ne serais pas aujourd’hui une chrétienne et une religieuse ». Ainsi, même si Bakhita a subi une grande injustice de la part de personnes qui l’ont traitée avec cruauté et inhumanité, elle a reconnu l’une des grandes vérités de la tradition juive et chrétienne: Nous croyons en un Dieu qui peut tirer le bien du mal. Aujourd’hui, Sainte Joséphine Bakhita est la patronne des personnes victimes de l’esclavage et de la traite des êtres humains, ainsi que la patronne du peuple souffrant du Soudan et du Sud-Soudan. Même si elle a quitté l’Afrique et a vécu sa vie en Italie, elle n’a jamais perdu son amour et sa préoccupation pour le peuple de sa terre natale. Saisissons donc l’occasion d’invoquer Sainte Joséphine Bakhita pour le peuple du Soudan et du Sud-Soudan et pour la délivrance des maux de l’esclavage et de la traite des êtres humains. (L’auteur est redevable au matériel trouvé dans Bakhita Tells Her Story par Sœur Maria Luisa Dagnino, FDCC, et à d’autres informations trouvées dans Wikipedia en ligne). |
Date Published:8 Feb 2022 Author:Fr. David, Mission promoter
Article Tags: Dernières nouvelles, Sainte Josephine Bakhita, Trafic humain, Esclavage |